Le projet Baobab à Paris © MGA/ DVVD/ REI
Batiactu.com G.N., publié le 09/12/2015
[extrait]« L’utilisation de bois pour la construction de maisons individuelles est aujourd’hui répandue en France mais l’édification d’immeubles de plus d’une dizaine d’étages dans ce matériau y est encore inédite. Selon l’association ADIVbois, qui milite pour l’adoption de solutions constructives durables, une dizaine d’immeubles en bois devraient être mis en construction dans l’Hexagone d’ici à 2017.
« La filière bois a été reconnue comme filière industrielle d’avenir depuis 2013, et elle s’inscrit aujourd’hui parfaitement dans le cadre de la Stratégie nationale bas carbone« . Sylvie Alexandre, déléguée interministérielle à la forêt et au bois auprès des ministres de l’Ecologie et du Logement, est claire : la construction bois doit prendre sa place dans le paysage français et faire bénéficier le pays de ses multiples avantages. Car la ressource est présente et variée, avec 30 % du territoire recouvert mais dont seule la moitié est valorisée. Et le bois est un matériau qui stocke le carbone pendant sa croissance puis sa durée de vie, dans des proportions importantes : entre 15 et 20 % des émissions de gaz à effet de serre nationales seraient compensées grâce aux forêts françaises.
La déléguée interministérielle, invitée par l’association ADIVbois ce mercredi 9 décembre 2015, poursuit : « La construction d’immeubles de grande hauteur vise donc à répondre à différents enjeux : stocker du CO2, réduire la consommation d’espaces naturels et diminuer les nuisances, réduire la consommation d’énergie, participer à l’économie grâce à une filière française et relever des défis technologiques« . Si l’on construit aujourd’hui des immeubles en R+7 ou R+8 en France, en Europe, le seuil des R+14 est atteint et certains visent maintenant les R+30/40. Paul Jarquin, le président du promoteur REI et président de la commission Communication d’ADIVbois, précise : « L’objectif est, à l’horizon de 2017, d’avoir une dizaine d’immeubles R+15/16 en bois en construction« .
Pas de souci technique pour aller plus haut
Trois familles de procédés constructifs cohabitent : les panneaux de bois lamellé-croisé (CLT), les structures poteaux-poutres, et les colombages. « Une quatrième famille émerge, celle des caissons structurels ou dalles alvéolaires bois« , rajoute Olivier Kracht, président de Lineazen (fabricant de CLT). Du côté des essences utilisées, le spécialiste fait le point : « Les résineux sont légers, bien maîtrisés industriellement et très disponibles. D’autres matériaux sont employés, selon les circonstances : hêtre et chêne, qui sont plus durs, plus résistants, notamment à la compression. Ils permettent des assemblages plus performants pour mieux répondre aux contraintes« . La question de l’épaisseur des planchers, par exemple, peut être résolue par l’emploi de certains bois qui permettent de gagner en finesse. D’autant que le hêtre est une production locale, contrairement aux panneaux CLT, importé d’Allemagne, d’Autriche ou de Finlande.
Pour l’architecte canadien Michael Green, qui a répondu à l’appel à projets « Réinventer Paris » en proposant une tour de 35 étages en bois, la question n’est ni technique, ni budgétaire : c’est l’indice carbone qui doit amener les promoteurs à choisir le matériau renouvelable. Il milite pour une approche « Carbon first » pour que les différentes solutions constructives, y compris le béton et l’acier, minimisent leur empreinte environnementale et qu’elles s’affrontent sur un pied d’égalité. Et en ardent défenseur du bois, il rajoute : « Un mètre cube de béton entraîne l’émission d’une tonne de CO2. Un mètre cube de bois, c’est 1,1 tonne de CO2 évitée(…) Une tour de 20 étages en bois peut ainsi séquestrer 3.150 tonnes de CO2 pendant toute sa durée de vie« . Un exploit dont sont incapables les autres matériaux. L’architecte voit même plus loin : avec Metsä Wood, il a cherché à prouver qu’il était possible de construire un Empire State bis de 102 étages en bois ! Il admet toutefois que cet exercice de style vertical n’est pas la réponse la plus adaptée et que chaque projet doit s’insérer au mieux dans son environnement. Mais la dynamique est lancée : les tours de bois vont pousser dans les villes. […] »