Article écrit par Aurélie Lebreau
Article La Liberté du 16novembre 2018
Il fait un froid de canard, la bise s’engouffre dans chaque recoin de l’immeuble en construction. Mais ces désagréments ne semblent nullement freiner l’avancée du chantier de la route de la Poudrière à Fribourg: les ouvriers s’y activent de toutes parts. Un immeuble de quatre niveaux, déjà hors d’eau, y grandit en lieu et place d’une désormais ancienne maison familiale. La particularité de cette construction?
Le fait que les trois étages supérieurs soient édifiés en bois. Ce qui en fera le plus haut immeuble d’habitation en bois du canton de Fribourg. «Seul le rez est en béton», confirme Jérémy Stauffacher, codirecteur de l’entreprise Stauffacher Charpentes, basée à Donatyre et Domdidier, et responsable avec son équipe technique de toute la partie bois du chantier.
«Le projet initial ne prévoyait que le dernier niveau en bois, en raison d’une façade inclinée qui ne pouvait être réalisée en béton. J’ai alors dit à Philippe Ding, le maître d’oeuvre, mais pourquoi ne pas tout faire en bois?» Après des études complémentaires, la variante bois se révèle très concurrentielle, voire meilleur marché et beaucoup plus intéressante au niveau écologique. L’enveloppe extérieure étant moins épaisse, des m2 habitables sont également gagnés. Autre argument de taille: la rapidité d’exécution du chantier. «Cinq mois de travaux ont été nécessaires pour construire le sous-sol et le rez en béton et seulement trois semaines pour monter les trois étages en bois. Pendant que la maçonnerie se faisait, nous préfabriquions les étages et ensuite nous n’avons plus eu qu’à les assembler sur place», éclaire Jérémy Stauffacher.
«Tous ces points sont en effet extrêmement positifs pour nous, confirme l’architecte Delphine Ding, en association avec Raphaël Hilan, et responsable de la gestion et de la promotion du projet. Construire en bois demande peut-être plus de préparation en amont. Mais ensuite plusieurs étapes peuvent être réalisées simultanément. Il y a un indéniable gain de temps.»
Un immeuble en bois, en matériau naturel et qui respire, au moins un tiers plus léger qu’une construction identique en béton, autant d’avantages qui ont fait mouche au moment de mettre les appartements sur le marché, majoritairement en PPE. «Le bois est clairement devenu un argument de vente, les appartements sont partis très vite», se réjouit Philippe Ding.
Le vaste jardin est un autre point fort des lieux. «Nous avons réalisé ce projet pour des familles, raison pour laquelle nous avons voulu de grands appartements», poursuit- il. L’immeuble abritera trois logements de 5½ pièces et autant de 7½ pièces ainsi qu’un 4½ pièces. Tous avec de très beaux volumes et de grandes fenêtres.
Alors, disparues, les réticences face aux immeubles d’habitation en bois? Car non, ils ne s’enflamment pas plus facilement que les constructions traditionnelles en brique ou en béton. Et non encore, ces logements ne sont pas plus bruyants que d’autres. «Nous avions effectivement des craintes au niveau de l’acoustique, mais elles
ont été vite balayées », reconnaît Delphine Ding. Un acousticien, Joël Godel du bureau Acustica, a été sollicité sur le chantier. Avec une solution étonnante: les dalles en bois massif sont recouvertes d’une épaisse couche de gravier, augmentant leur masse et garantissant la paix à tout le monde. «La technologie est là, il faut juste avoir l’envie de se lancer!», sourit Jérémy Stauffacher.
Le chantier devrait être terminé en mars prochain. L’immeuble sera alors paré d’un bardage gris, très moderne, réalisé entièrement en bois suisse. L’ossature, elle, provient des forêts suisses, allemandes et autrichiennes [… ]